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SAINT-HILARION

L'enceinte de l'Astroblème

L'enceinte de l'Astroblème

LOCALISATION

Coordonnées : 47° 34,423‘ N, 70°27,36‘ O

Le géosite se situe entre la vallée du Gouffre et le village de Saint-Hilarion, sur le chemin du Moulin, à 1,4 km au nord de la route 138. (vérifier nouveau site de la halte rang St-Jean-Baptiste) 

Description sommaire du site :

Ce panorama permet de découvrir l’accumulation d’événements géologiques qui ont dessiné la région de Charlevoix. Ces événements se sont étalés entre 1 milliard d’années à 13 000 ans avant aujourd’hui. 

Figure 1.

Géologie locale :

Le paysage observé comprend cinq ensembles distincts : 

  1. À l’horizon, on observe le plateau des Laurentides. Il est caractérisé par un ensemble de sommets plats, principalement entre 800 et 1000 m d’altitude, entaillés par des vallées de plus de 400 m de dénivelé. 
  2. Ce plateau est bordé d’un escarpement abrupt, d’environ 450 m de haut, en forme d’arc de cercle et fragmenté par des vallées perpendiculaires 
  3. Le pied de l’escarpement se compose d’une zone de collines arrondies, aux longs versants doux, entre 360 et 460 m d’altitude. 
  4. Ensuite, une surface particulièrement plane et horizontale se trouve à une altitude de 310 m. 
  5. Au premier plan, on observe une partie du versant de la colline du site d’observation. 

Étonnamment, malgré ces différences topographiques, le socle rocheux de toute la région se compose surtout de deux ensembles de roches. D’une part, on retrouve un gneiss charnockitique, une roche métamorphique datant d’environ 950 millions d’années. On note d’autre part la présence d’anorthosite, une roche magmatique composée principalement de plagioclases (minéral riche en silicium, en aluminium et en calcium), datant d’environ 900 millions d’années. 

Ces roches sont recouvertes de matériaux meubles, généralement de quelques mètres d’épaisseur à quelques dizaines de mètres par endroits. On observe des matériaux en vrac de dimensions variées, de blocs, de sables et d’argiles, qu’on appelle diamicton, et dont la mise en place remonte à environ 20 000 ans. On remarque également des matériaux bien triés, surtout des sables stratifiés, déposés vraisemblablement vers 13 000 ans avant aujourd’hui. 

Considérant ces observations, deux questions s’imposent: 

  1. a) D’abord, quelle est l’origine du grand contraste entre le plateau des Laurentides et les autres secteurs?

L’option la plus réaliste est un événement tectonique ayant affecté la région, bien après la formation des roches. Cet événement résulte de l’impact météoritique daté à environ 400 millions d’années, soit plus de 600 millions d’années après la formation des roches. L’ensemble 2, ci-dessus, est donc un escarpement de faille au contact d’un compartiment effondré, appelé graben, correspondant ici aux ensembles 3, 4 et 5. 

  1. b) Puis, pourquoi les secteurs 3, 4 et 5 ont-ils une topographie douce, voire parfaitement horizontale?

Les matériaux les constituant montrent des dépôts peu consolidés, géologiquement récents et recouvrant d’une faible épaisseur les roches sous-jacentes, qui affleurent çà et là sur les collines. Il s’agit donc de zones d’accumulation de sédiments, dont la mise en place est bien postérieure à la formation des autres ensembles. 

Que s'est-il donc passé entre l'époque de l'impact et aujourd'hui?

  1. Cette période couvre toute l’ère Secondaire, toute l’ère Tertiaire et toute l’ère Quaternaire ; ce sont toutes des époques géologiques très actives sur la planète (épaisses sédimentations marines, formations de chaînes de montagnes, milieux tropicaux, glaciations, etc.). 

Toutefois, pour ce qui concerne Charlevoix, même si on a quelques pistes, il y a très peu de preuves qui permettent de bien comprendre ce qui s’est passé ici durant ces époques géologiques. Les géologues recherchent ainsi des formations géologiques corrélatives permettant de reconstituer des événements de cristallisation, d’érosion, de transport, de sédimentation. 

Voici deux de ces pistes, celles-là concernant l’érosion subie par la région : 

Les sommets plats et presque tous de même altitude du plateau des Laurentides, sans rapport avec les nuances lithologiques des gneiss, correspondent à d’anciennes surfaces d’érosion, appelées surfaces d’aplanissement. On en connaît peu les mécanismes, qu’on suppose surtout aquatiques. La datation des surfaces est difficile, mais on sait, du moins, qu’elles devaient déjà être en place lors de l’impact météoritique. 

  1. Les nombreuses et profondes vallées découpant le plateau des Laurentides fragmentent l’escarpement de faille et se raccordent à la dépression de l’astroblème, soit au graben. Ces vallées résultent d’une intense érosion fluviatile. 

Une période d’érosion intense a donc refaçonné toute la région, exploitant les différences lithologiques et de fracturation des roches. En considérant cette période dans l’évolution de la vallée du Saint-Laurent, on en déduit qu’il s’agit vraisemblablement de l’époque du Tertiaire. 

Voici deux autres pistes, concernant cette fois le transport et la sédimentation :  

  1. Les diamictons couvrant les ensembles 3 et 5 sont appelés des tills : ce sont des sédiments qui résultent d’un transport et d’une sédimentation glaciaire et sous-glaciaire de matériaux arrachés des roches par les glaciers en mouvement et la circulation d’eau sous pression. D’énormes accumulations de glace, atteignant plus de 2 km d’épaisseur, semblables à celles du Groenland ou de l’Antarctique, ont périodiquement couvert le Québec durant le Quaternaire ; les tills de la région, principalement de la dernière période froide datent approximativement de 80 000 à 14 000 ans. 
  2. Les sables stratifiés de l’ensemble 4 résultent d’une sédimentation dans un milieu aquatique peu profond, soumis à des courants d’eau discontinus. Ce milieu est typique des étendues lacustres1 que l’on retrouve la plupart du temps au devant des glaciers ; ce milieu daterait d’environ 13 000 ans. D’autres surfaces de remblaiement à la même altitude, soit à 310 m, semblent indiquer un contexte de déglaciation, jusqu’à maintenant peu documenté  mais tout de même abordé dans des travaux récents. 

Ainsi, le panorama que vous pouvez contempler de ce géosite résulte de la combinaison de processus à la fois très anciens et plus récents, graduels ou catastrophiques, correspondant à des milieux naturels maintes fois transformés.