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ISLE-AUX-COUDRES

LA ROCHE À CAYA : UNE INTRUSE DANS LES APPALACHES

La roche à Caya :
une intruse dans les appalaches

LOCALISATION

Coordonnées : 47° 22,5314′ N., 70° 25,4542′ O.

Prendre le traversier à Saint-Joseph-de-la-Rive pour l’Isle-aux-Coudres, puis le chemin des Coudriers vers l’ouest sur 7 km. Tourner à droite sur le chemin de l’Islet jusqu’au parc de la Roche à Caya. Vous pourrez apercevoir facilement le gros bloc à votre gauche. Vous y trouverez aussi un stationnement. Un sentier aménagé mène à la roche et une passerelle en bois en fait le tour. 

Figure 1. La roche à Caya

Description sommaire du site :

Sur ce site, on peut voir un rocher qui peut être considéré comme un intrus de taille sur l’Isle-aux-Coudres. Comment ce bloc de roche métamorphique, qui ne ressemble en rien aux roches sédimentaires en place sur l’île, a pu se retrouver là où on peut l’observer aujourd’hui, près du bord de l’île?  

Géologie locale :

La roche à Caya est un énorme bloc dont les dimensions font environ 6 x 6 x 2 mètres (figure 2). C’est le seul gros bloc de cette taille qui soit visible dans ce secteur de l’île. La roche est un gneiss granitique (voir géosite St-Siméon 1) De couleur rose à gris rosâtre, la roche est rubanée et semble contenir au moins une enclave de roche de couleur sombre (figure 2). Si on le compare aux roches en place à proximité, on voit ainsi que la composition du bloc est complètement différente, puisque les roches environnantes sont des shales, une roche sédimentaire à grains très fins de couleur vert sombre (voir le géosite à proximité : IAC 1 –Shales de la pointe de l’Islet). Il ne peut donc provenir de l’île. Les seules roches en place semblables à ce bloc se trouvent en effet au nord du Saint-Laurent, dans le Bouclier canadien, qui est justement composé en grande partie de roches granitiques et de gneiss. Le Bouclier canadien est ainsi une origine possible  

Figure 2. Le bloc est composé de gneiss granitique rubané. Les rubans sont des bandes de compositions différentes et qui résultent de la déformation de la roche dans des conditions de hautes pressions et de hautes températures lorsqu’elle était enfouie à grande profondeur.

Comment ce bloc de gneiss granitique a-t-il abouti sur l’Isle-aux-Coudres? Plusieurs hypothèses se présentent. L’hypothèse la plus plausible est le transport par un glacier, puisque le Québec a subi plusieurs glaciations au cours des 2,5 derniers millions d’années. Effectivement, il y a 13 000 ans environ, la glace recouvrait encore une bonne partie du Québec (figure 3). Lorsque les glaciers avancent, ils raclent le fond rocheux et transportent les blocs arrachés avec eux ; ces blocs sont parfois transportés sur des kilomètres et parfois même des centaines de kilomètres. Au Québec, ce couvert de glace se déplaçait du nord vers le sud, soit du Bouclier vers les Appalaches. 

Figure 3. Étendue de la calotte glaciaire il y a 13 000 ans. (tiré de Planète Terre, U. Laval)

À la fin de la dernière période glaciaire, il y a entre 10 000 et 7 000 ans environ, la glace a commencé à fondre et à se retirer vers le nord, laissant de nombreux dépôts de toutes sortes, dont des blocs. On qualifie ces blocs d’erratiques parce qu’ils proviennent d’un endroit différent de celui où on les retrouve. Il semble que la roche à Caya soit un bloc erratique arraché par un glacier dans le Bouclier canadien, puis transporté jusqu’à l’Isle-aux-Coudres. 

Mais il y a une autre possibilité : le transport par les glaces flottantes. En effet, à plusieurs endroits le long du Saint-Laurent, on trouve des gros blocs de diverses provenances, tant sur la rive nord que sur la rive sud. Des études ont même montré que certains de ces blocs se déplacent d’une année à l’autre de l’amont vers l’aval, entraînés par la glace qui se forme et qui bouge au gré des marées et des courants. On a donné le nom de glaciels à ces blocs. 

Figure 4. Blocs glaciels le long de la rive de l’Isle-aux-Coudres.

Si l’on regarde vers le large à partir du parc de la Roche à Caya (figure 4), on remarquera un grand nombre de blocs de taille décimétrique éparpillés ici et là le long de la plage, dans la zone d’estran (entre la marée haute et la marée basse). Ces blocs ont probablement été transportés par les glaces sur le fleuve.

Dans le cas du bloc de la roche à Caya, sa dimension métrique (~50 m3) et son poids évalué à environ 160 tonnes rendent cette hypothèse de transport par les glaces du fleuve peu probable. Voilà pourquoi le transport par un glacier ou encore un iceberg serait donc l’hypothèse la plus plausible. 

La roche à Caya a longtemps nourri l’imaginaire des insulaires. On raconte qu’au début du 19e siècle, celle-ci s’attira l’affection d’un simple d’esprit, Alexis Lajoie. La légende le présente comme un jeune orphelin sans véritable foyer et demeurant à proximité de la fameuse roche ; il aurait passé la plus grande partie de sa vie assis sur le rocher, à contempler la mer. Il aurait même laissé l’empreinte de son pied sur sa roche, qui devint ainsi la roche à « Caya » : c’était le surnom d’Alexis…